Alexandre Grossmann

Né en 1930 à Zagreb, Alex Grossmann avait fui le régime Croate pro-nazi pour la Toscane en 1941, puis la Suisse, avant de revenir après la guerre, en Yougoslavie et obtenir en 1955, un doctorat de physique à l’Institut Ruđer Bošković.

 Parti ensuite aux États-Unis, il travailla dans les départements de physique de l’université de Brandeis et de NYU, au Courant Institute, puis à l’Institute for Advanced Studies à Princeton, jusqu’en 1964. Après un an à l’IHES (Bures-sur-Yvette, France) il rejoint à la demande de Daniel Kastler le naissant Centre de Physique Théorique de Marseille en 1966, sur un poste CNRS de «Maître de recherche» (DR2). S’intéressant à des problèmes de biologie-Informatique et de génomique à partir des années 1993-1995, il rejoint le Laboratoire «Génome et Informatique», nouvellement créé à l’université de Versailles, puis transféré en 2000 au sein du génopole d’Evry, où Alex devient l’un des animateurs. Devenu laboratoire «Statistique et Génome» en 2006, puis groupe du LAMMe Laboratoire de Mathématique & Modélisation d’Evry, Alex Grossmann interviendra activement au sein du groupe jusqu’en décembre 2014. Il a bénéficié de deux éméritats de 5ans.

 Chercheur véritablement multidisciplinaire et polyglotte, Alex Grossmann a tout d’abord apporté de très importantes contributions  aux mathématiques de la mécanique quantique - analyticité de l’amplitude de diffusion, analyse fonctionnelle, opérateurs pseudo-différentiels, physique du solide, pseudo-potentiels de Fermi, quantification – sans oublier la physique statistique et la théorie des antennes. En 1980, il rencontre le géophysicien Jean Morlet de Elf-Aquitaine. Ensemble, ils formalisent la désormais célèbre «théorie des ondelettes», tout d’abord par l’introduction du groupe “ax+b“ (translation, dilation) les transformées en ondelettes complexes continues, directes et inverses (temps-échelles ou position-échelles), voire directionnelles (rotation) - puis par des techniques de discrétisation, à la construction d’algorithmes rapides en dimension quelconque (e.g. algorithmes à trous), et à la construction de bases, dont les «frames» qui conduiront aux bases orthogonales, bi-orthogonales (développées par Yves Meyer), etc... Il créera et dirigera dès 1986 le GDR international «ondelettes». Depuis, l'analyse en ondelettes a été exploitée dans diverses domaines (e.g. l'analyse et resynthèse de signaux, les problèmes de reconnaissances de formes, de localisation et caractérisation de discontinuités, le traitement des images (dont le format JPEG2000), la théorie des fractales, les problème inverses en théorie du potentiel, la géophysique, l’étude de phénomènes turbulents, les sciences de l’univers, la détection des ondes gravitationnelles, etc). A partir de 1993-1995 Alex Grossmann s’intéressa à des problèmes de bio-informatique et génomique, en particulier l’utilisation de l’algèbre linéaire pour la comparaison des séquences biologiques; l’étude quantitative de l’évolution de séquences protéiques.

  Par son esprit si profondément original, maniant à égalité l’abstrait et l’appliqué, le culturel et le créatif, Alex Grossmann a laissé l’empreinte impérissable de sa vision de la connaissance à plusieurs générations de scientifiques.

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